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44 nouveaux commissaires-priseurs :
une promotion entre héritage et renouveau au Musée des Arts Décoratifs

 

Paris, 28 novembre 2025
 

Dans les salons d’apparat du Musée des Arts Décoratifs, c’est toute une génération qui a fait son entrée officielle dans la profession. La cérémonie de remise des diplômes 2024, organisée par le Conseil des maisons de vente, a réuni près de 300 invités : familles, maîtres de stage, commissaires-priseurs confirmés, institutionnels, experts et enseignants.

Au total, 44 nouveaux diplômés rejoignent la profession : 29 élèves commissaires-priseurs, 12 clercs reçus à l’examen interne, 3 commissaires de justice issus de la passerelle.

Un rendez-vous annuel devenu un moment d’observation privilégié d’un métier dont la transformation s’accélère.

Le discours du Président : un métier élargi, une responsabilité accrue

Édouard de Lamaze, Président du Conseil des maisons de vente, a ouvert la cérémonie en rappelant les fondamentaux du métier et l’évolution du contexte dans lequel les diplômés s’apprêtent à exercer. Le commissaire-priseur, a-t-il martelé, demeure un acteur culturel majeur, chargé d’orienter les œuvres, de détecter les faux, de transmettre l’histoire des objets et de maintenir un lien entre le patrimoine et le marché.

Il est aussi une vigie, au croisement du droit, de l’expertise et des usages numériques.

Enfin, il reste un passeur, intermédiaire exigeant entre vendeurs, acheteurs, institutions et collectionneurs. Le Président a insisté sur l’élargissement du champ d’action : ventes volontaires, ventes judiciaires, ventes privées, expertises hybrides, développement d’activités connexes, mobilité régionale et internationale.

Il a également rappelé la diversité de la promotion : une trentaine de diplômés exerçant à Paris, 20 élèves inscrits en passerelle « commissaires de Justice », plusieurs associés ou salariés en région, certains mêmes dans des pays limitrophes. Une photographie précise d’un marché en réorganisation permanente. 

Le moment attendu : Hélène David-Weill, une parole d’autorité

Marraine de la promotion 2024, Hélène David-Weill, ancienne présidente du Musée des Arts Décoratifs, collectionneuse et mécène reconnue, a livré une intervention remarquée.

Dès les premières phrases, elle a donné le ton, saluant l’engagement des élèves et rappelant l’exigence du double cursus droit / histoire de l’art. Puis elle s’est adressée directement à eux :

« Vous entrez dans le plus beau métier du monde : celui des Sherlock Holmes de l’art. »

Selon elle, le commissaire-priseur est celui qui observe, analyse, assemble des indices, lit les œuvres, lit les traces, lit les vies. Un professionnel qui navigue à la fois dans l’histoire et dans le présent, en tenant compte de la provenance, des techniques, des usages du marché et des évolutions législatives.

Elle a insisté sur plusieurs défis contemporains :

  • la nécessité d’un regard personnel face à la prolifération des images,
  • l’importance de se confronter aux objets « dans leur matérialité réelle, pas uniquement à travers les écrans »,
  • la responsabilité morale liée à l’authentification,
  • l’exigence de curiosité permanente dans un marché mondialisé.

Puis est venue la phrase qui restera comme l’un des marqueurs de son discours :

« Oui, vous travaillerez parfois dans la poussière… mais une poussière particulière : celle des rêves, des secrets, des drames et des chefs-d’œuvre. ». Avant de conclure, dans un sourire adressé à toute la salle : « Bravo à toutes et tous… et bonne chasse. » Un objet symbolique : la sculpture Adjugé remise à chaque diplômé.

Moment très commenté par les invités : la remise d’une petite sculpture en bronze représentant un marteau de commissaire-priseur.

L’œuvre, intitulée « Adjugé », est un tirage réalisé à partir d’un modèle de Jean-Marc de Pas, sculpteur notamment connu pour les sculptures du parc de Bois-Guilbert et pour sa participation au projet Le Petit Prince. Un texte inséré dans l’écrin précisait :

« À l’occasion de la remise du diplôme de Commissaire-priseur par Édouard de Lamaze, Président du Conseil des Maisons de Vente, avec le parrainage de Madame Hélène David-Weill, ancienne présidente des Arts décoratifs, collectionneuse d’art et mécène française, le Conseil des Maisons de Vente a le plaisir de vous remettre un exemplaire en bronze de l’œuvre “Adjugé”. »

Un symbole fort : le marteau comme outil juridique, instrument d’autorité et emblème de la fonction.

Une réforme d’ampleur : janvier 2026, la formation change de paradigme

La cérémonie a également servi à présenter les contours de la réforme 2026, qui transforme profondément la formation des commissaires-priseurs.

Les principaux axes :

  • Un cadre de compétences quadruplé, intégrant de nouveaux modules en stratégie commerciale, communication, marketing digital et gestion
  • Un apprentissage centré sur l’objet, avec manipulations, analyses en réserve et études de cas réels
  • Un partenariat renforcé entre trois institutions :

                ◦ l’École du Louvre (expertise, contact direct avec l’objet),

                ◦ l’ESCP Business School (gestion, entrepreneuriat, IA, planification),

                ◦ l’Institut National de Gemmologie (certifications techniques)

  • Un projet professionnel individuel, accompagnant chaque élève dans la conception d’un modèle de maison de vente ou d’un positionnement expert
  • Une reconnaissance officielle du diplôme au niveau Bac + 5 (RNCP niveau 7)

Cette réforme vise à répondre à un marché de plus en plus concurrentiel, digitalisé et internationalisé.

Une clôture en beauté : la visite privatisée de l’exposition « 1925-2025. Cent ans d’Art Déco »

Pour sceller la soirée, les diplômés et leurs invités ont été conviés à un moment rare : la privatisation de l’exposition « 1925-2025. Cent ans d’Art Déco », guidés par les conférenciers du musée. Une parenthèse culturelle qui prolongeait naturellement la cérémonie, tant l’Art déco incarne cet équilibre subtil entre héritage, modernité et exigence – des notions familières à la profession. Les diplômés découvraient ainsi les œuvres dans leur contexte historique, comme un écho aux missions de transmission et d’expertise qu’ils s’apprêtent à porter.

L’immersion se poursuivait dans la nef monumentale du musée, où une cabine authentique de l’ancien Étoile du Nord faisait face à trois maquettes du futur Orient Express, réinventé par Maxime d’Angeac – un final spectaculaire, entre mémoire du luxe et imaginaire du voyage.

Conclusion : une promotion observée de près

Les 44 diplômés 2024 arrivent à un moment stratégique pour la profession. Entre la montée en puissance du numérique, l’évolution des pratiques d’expertise, les attentes croissantes des collectionneurs et la diversification des modèles de vente, leur rôle s’annonce central.

Leur formation renforcée, leurs profils hétérogènes et les ambitions variées de cette cohorte en font une génération particulièrement attendue. Comme l’a résumé Hélène David-Weill : « Votre regard sera votre force. Votre curiosité, votre sécurité. Votre rigueur, votre indépendance. »
Un programme qui sonne comme une feuille de route.

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