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Mesdames, Messieurs, les commissaires -priseurs,

 

La cérémonie des vœux est un exercice quelque peu codifié. L’usage veut que l’on se retourne sur l’année passée pour mieux envisager l’avenir.

Permettez-moi donc un rapide coup d’œil rétrospectif.

Pour des raisons que nous ne développerons pas, l’année 2024 fut une année morose pour le marché de l’art : moins 4 % en effet par rapport à 2023 au niveau mondial.

En France, les 10 premiers opérateurs affichent, en France, une baisse de 0,4% seulement [1]. C’est une baisse somme toute très modérée.

En dépit de la morosité générale, on a pu parler de « résistance » du marché français, celui-ci se situant, moins que d’autres marchés - ceux de New- York ou Londres-, sur du très haut de gamme, et étant donc moins à risque.

Paris profite également du relatif affaiblissement de la place de Londres depuis le Brexit et du choix de certaines grandes maisons d’y déplacer quelques-unes de leurs spécialités d’art : citons l’art surréaliste ou l’art grec moderne.

On pourrait citer un autre élément positif : Drouot.com est devenue la 1° marketplace en Europe pour les enchères d’art.

Certaines ventes exceptionnelles ont marqué l’année 2024 :

  • le portrait si émouvant de Rimbaud par Verlaine  (585.000 euros, chez Tessier-Sarrou),
  • le tableau flamboyant de Shiraga (1,2 million d’euros, chez Joron-Derem)
  • la console-sculpture de Diego Giacometti Biche, arbre et renard à l’affût (2,9 millions d’euros, chez Ader),
  • ou encore le Canapé Boule dit Ours polaire de Jean Royère (au-delà du million d’euros).

L’année 2024 a eu son lot de belles surprises nous permettant d’espérer de semblables révélations pour l’année 2025.

Nous ne sommes jamais, en effet, à l’abri de belles découvertes en province comme à Paris ! Puisse 2025 nous en réserver d’aussi belles !

De façon un petit peu abrupte, je rappellerai que 2025 est l’année de l’entrée en vigueur du nouveau régime de TVA pour le marché de l’art. Dans son exercice de transposition de la fameuse directive européenne « Taux », la France a fait le choix du taux réduit (5,5%), reléguant le régime sur la marge à une application résiduelle. A un régime de faveur est substitué un autre régime de faveur pour le marché de l’art.

Beaucoup de pédagogie est encore à faire. Le Conseil des Maisons de vente s’y emploie. Nombreux sont, parmi vous, ceux qui s’interrogent encore sur les stratégies à privilégier. S’il est trop tôt pour envisager l’impact réel d’une telle réforme, un constat s’impose d’ores et déjà : par rapport aux autres pays de l’UE, la France possède désormais, avec un taux à 5,5 %, l’un des taux les plus bas de l’Union européenne.

C’est une bonne nouvelle pour l’importation des œuvres d’art et l’attractivité de la France.  Nous rejoignons ainsi le niveau du Royaume-Uni qui possède un taux de TVA de 5 % à l’importation.

Il ne faudrait pas que cet avantage que nous venons de gagner ne soit annulé par la charge administrative qui s’imposera à partir du 28 juin prochain à toute personne qui souhaite faire entrer sur le territoire douanier de l’Union un bien culturel provenant d’un pays tiers !

En effet, 2025 marquera l’entrée en vigueur du règlement européen de 2019 sur l’importation des biens culturels.

L’importation de biens archéologiques de plus de 250 ans sera soumise à la demande d’une licence auprès du ministère de la Culture. Le système informatique européen ICG (Importation Cultural Goods), dans lequel vous devrez adresser votre demande, sera opérationnel à partir du 28 juin 2025.

Tous les biens qui auront quitté illicitement leur pays d’origine ou de séjour seront, en revanche, naturellement, interdits à la vente, comme le prévoit déjà notre code du patrimoine.

Il faut voir que la mise en œuvre du régime de la licence d’importation permettra une application uniforme dans tous les pays de l’UE de la notion de diligence. Tous les acteurs du marché de l’art européen devront, en effet, fournir le même type de documents pour garantir le caractère licite de l’importation d’un bien culturel.

C’est en soi un élément positif car essentiel pour une concurrence équitable au sein de l’UE.

Face à la pression toujours qui s’exerce sur vos activités en matière de provenance, vous devrez vous approprier certains réflexes pour satisfaire à l’exigence de diligence.

La France a déjà inscrit une obligation de diligence pour les différents professionnels du marché de l’art et des antiquités. La question se pose désormais d’un code d’éthique au niveau européen. Au-delà des strictes contraintes réglementaires, une sorte d’autorégulation pour promouvoir l’autodiscipline des acteurs.

La recherche de provenance valorise le bien et n’est pas forcément un frein au bon fonctionnement du marché. Elle en devient même l’une des conditions, un élément essentiel à la bonne réputation.

Ce travail de collecte d’informations et de documentation sur les œuvres est, depuis toujours, au cœur de votre métier, plus encore de votre ADN et de votre habitus.

Il n’empêche que vous devrez être aidés pour répondre à ces nouvelles exigences, de la même manière que les notaires se sont faits aider par des généalogistes spécialisés en matière de succession.

Aujourd’hui, de nouvelles formations débouchant sur de nouveaux métiers apparaissent en matière de recherche de provenance. Vous devrez vous appuyer sur ces nouvelles compétences ! Les maisons de vente devront pouvoir compter sur des moyens appropriés. Cela ne doit pas être un vœu pieu, mais une réalité concrète ! Le Conseil des maisons de vente fera tout pour concrétiser un tel soutien.

Si l’on dépasse le territoire de l’Union européenne, l’année 2025 laisse peu d’espoir sur la résolution des conflits et des tensions, qui n’ont cessé de croître, au niveau mondial.

En temps de crise, il faut souhaiter que l’art assure un rôle de valeur refuge.

Le marché de l’art génère des externalités positives : formation du goût, sentiment de reconnexion avec le passé, on pourrait ajouter dimension hédonistique liée à la possession de l’objet - puisque celle-ci est reconnue dans la littérature économique -.

Gabriel de Broglie, qui nous a quittés si récemment, m’a confié, un jour, cette réflexion : « La culture, la beauté, la délectation naissent de l’admiration ».

Puissent les œuvres que vous exposez susciter l’admiration du public, de vos clients. Et de chacun qui passe la porte d’une salle des ventes, d’une galerie, d’un antiquaire.  

Vous devez plus que jamais favoriser cette capacité d’émerveillement, si propre au désir, à la chasse, au rêve.

Au sein de spécialités les plus pointues comme au sein de ventes plus généralistes. Et je n’oublie pas les ventes automobiles ni de matériel industriel qui réjouissent à leur façon l’œil avisé et connaisseur !

Au nom du CMV, je vous adresse tous mes meilleurs vœux de réussite en vous souhaitant de belles découvertes pour 2025 pour alimenter un marché vecteur de richesses à tous points de vue !

 

Edouard de Lamaze

 

[1] Comme titrait récemment Le Journal des Arts.

Publié le
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