Votre navigateur est obsolète!

Mettez à jour votre navigateur pour afficher correctement ce site Web.

×

fr
En

unesco_0.jpg

Les acteurs impliqués intensifient leur mobilisation contre le trafic de biens culturels

Depuis que les extrémistes ont été expulsés de Palmyre, toute l'étendue des dommages causés au site syrien du patrimoine mondial se révèle ; des preuves de pillage soulignent l’importance de maitriser le commerce illicite des biens culturels afin de préserver le patrimoine.

Les participants à la journée de tables rondes, qui s’est déroulée le 30 mars dernier, se sont accordés sur la responsabilité éthique de tous les acteurs du marché international de l'art pour veiller à ce que leurs actions, en tant que vendeurs et acheteurs, ne contribuent pas à un commerce illégal qui prive les peuples des différentes régions du monde de leur patrimoine, un problème particulièrement prégnant dans les pays en conflit. A cette fin, tous ont reconnu que la responsabilité des Etats est tout aussi prépondérante.

Malheureusement, Palmyre n’est pas la seule victime du pillage, un fléau qui affecte de nombreux autres monuments, sites archéologiques, musées et collections dans les zones de conflit.

Ouvrant les débats, Francesco Bandarin, Sous-Directeur général pour la culture de l'UNESCO, a souligné que "le trafic illicite d'objets culturels détruit les repères des civilisations et des identités, en même temps qu’il finance le terrorisme et représente une menace pour la sécurité. Il est également préjudiciable à la réputation du marché de l'art. Pour lutter sévèrement contre cela, nous devons coopérer. Il est dans l'intérêt des professionnels du marché de l'art d'autoréguler leurs activités et il est dans l'intérêt des États de renforcer leurs politiques pour lutter contre le trafic illicite. Plus que jamais le marché de l'art doit être particulièrement vigilant afin de vérifier la provenance des objets archéologiques venant de pays en conflit comme l'Irak et la Syrie, mais aussi la Libye, le Mali et le Yémen".

L'UNESCO et le Conseil des Ventes Volontaires, autorité de régulation des ventes aux enchères publiques en France, ont organisé cet événement qui a réuni des représentants du marché de l'art (professionnels des plus grandes maisons de vente aux enchères, des fédérations internationales et européennes des maisons de vente, des groupements nationaux, des syndicats d’antiquaires et d’experts…) , des musées, des organisations telle qu’INTERPOL, l'Organisation Mondiale des Douanes, l’Équipe de Surveillance du Conseil de sécurité des Nations Unies l’UNODC, UNIDROIT et l’ICOM mais aussi des représentants des gouvernements, ainsi que des juristes et des spécialistes de la protection du patrimoine culturel. Tous ont convenu de la nécessité de renforcer la coopération pour lutter contre le trafic illicite de biens volés dans des sites archéologiques des musées et qui, de plus en plus, circulent sur les marchés internationaux et les plateformes de ventes en ligne.

Les participants, après avoir évalué l'ampleur du défi à relever, ont reconnu que la sensibilisation et la vigilance se sont améliorées au cours des dernières années, et que des lois et mécanismes tant à l’échelle nationale qu’internationale ont été mis en place, telle la résolution 2199 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui met en évidence le lien indissociable entre trafic illicite des biens culturels et sécurité internationale. Mais les participants ont également noté que les trafiquants, montent des opérations plus sophistiquées et que le crime organisé est de plus en plus impliqué dans le trafic illicite de biens culturels, évalué entre 3,4 et 6,3 milliards de dollars par an dans le monde, selon l’estimation de l‘organisme américain, Global Financial Integrity.

Qualifiant l'économie du marché de l'art de spéculative, volatile et compétitive, le professeur Françoise Benhamou a précisé que “les trois principaux marchés à l'échelle mondiale, sont l’Europe, la Chine et les Etats-Unis. La Chine, par exemple, occupait en 2014 la 2ème place derrière les Etats-Unis avec 29,50 % du marché mondial de l'art équivalent à une valeur d’environ 8 milliards d'euros”.

Les situations de conflit rendent les musées, les sites archéologiques et les institutions privées plus vulnérables, tout en limitant la capacité des services de police et de douanes dans leur rôle de garant du respect de la loi. Ali Ahmed Ali Farhan, Directeur général du département des objets saisis (Egypte) a expliqué que“ les pillards de sites archéologiques profitent de l'instabilité en Egypte pour faire sortir du pays les objets volés, cachés dans des camions - le problème trouvant sa source au niveau local Dans les pays de transit, des certificats de transport sont ainsi délivrés et les objets entrent sur le marché comme biens culturels enregistrés. De fausses factures et de faux certificats de provenance sont ensuite produits par le crime organisé".

Samuel Sidibé, Directeur du Musée national du Mali, a quant à lui, partagé quelques exemples de partenariats réussis ayant conduit à des restitutions et a appelé à "une coopération régionale accrue et à renforcer l'application des lois dans les pays d'origine, de transit et de destination."

Les biens culturels volés passent de main en main et traversent de nombreuses frontières avant d’arriver chez les marchands d’art avec des certificats de bonne provenance. Ces objets passent parfois des années en transit ou hors du marché. Cela contribue à rendre le suivi, l'authentification et leur restitution encore plus difficiles. Ces difficultés ont été illustrées par des exemples flagrants provenant des musées égyptiens, maliens et turcs, ou fournis par des unités de polices italienne, suisse et américaine spécialisées dans la protection du patrimoine culturel.

L’importance capitale d’exercer un contrôle diligent de la vérification de provenance des biens culturels a été tout particulièrement soulignée. Corrado Catesi, INTERPOL, a indiqué que la base de données sur les œuvres d'art volées de son Organisation est « un outil essentiel au service de tous les acteurs impliqués, y compris le secteur privé" et Catherine Muganga, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a rappelé aux participants qu’« un manque de contrôle diligent peut entraîner des sanctions pénales ou civiles."

Selon Catherine Chadelat, le Conseil des Ventes Volontaires, dans son rôle d’autorité de régulateur du marché, « encourage vivement ses acteurs à se conformer non seulement aux réglementations en vigueur, mais à aller plus loin et à prendre une responsabilité éthique personnelle ".

Cecilia Fletcher, Sotheby’s, a souligné l’importance de la coopération et de la communication, en ajoutant que " l'approche des grandes maisons de ventes s’est considérablement améliorée au cours de la dernière décennie en matière de normes de contrôle diligent, de vérification et de comportement éthique […] mais que d’étroites relations de travail se sont également forgées avec les organismes chargés de l’application de la loi et les ministères de la culture ». « Ceci est dans l'intérêt commercial des commissaires-priseurs, des vendeurs, des marchands et des galeristes " a-t-elle argué.

Pour compléter l’échange d'informations entre les acteurs impliqués, Jean Claude Gandur, collectionneur d'art et Président de la Fondation Gandur pour l’Art, a ajouté que ”les collectionneurs et les musées sont le dernier maillon de la chaîne et le plus important. Ils doivent être éthiques, proactifs et savoir à qui s’adresser lorsqu’ils sont en possession d‘objets douteux”.

Les participants à la réunion ont convenu que, pour endiguer et mettre fin à ce fléau, une sensibilisation, une coopération et une communication accrues entre les secteurs public et privé sont une nécessité vitale. Ils ont recommandé une élévation du niveau de contrôle diligent de la part notamment des acteurs du marché de l’art (marchands d’art, galeristes, plateformes de vente en ligne et collectionneurs), le renfoncement des sanctions pénales, l’accroissement de la formation destinée aux policiers et aux agents des douanes, et l’harmonisation des règlementations nationales et internationales.

Pour conclure, Mme María Vlazaki, Présidente du Comité Subsidiaire de la Convention UNESCO de 1970, Mme Catherine Chadelat, Présidente du CVV, et Mme Mechtild Rossler, Directrice de la Division du patrimoine de l'UNESCO, ont appelé tous les acteurs à travailler plus étroitement ensemble dans l’objectif de prévenir le trafic illicite d'objets culturels, en particulier dans les régions en conflit.

Plus d’informations :
http://www.unesco.org/new/en/culture/themes/illicit-trafficking-of-cult…
 

Publié le
ça vous intéresse aussi
""
Les ventes de biens incorporels, un relai de croissance
Lire la suite
Ecole du Louvre
Rapport du jury 2023 de l’examen d’accès au stage de commissaire-priseur
Lire la suite