Taux d'invendus dans les ventes aux enchères "Art et objets de collection"
Le taux d’invendus dans les ventes aux enchères est un des indicateurs permettant de situer l’état du marché et d’apprécier l’adéquation de l’offre à la demande.
En 2018, comme les deux années précédentes, le Conseil des ventes s’est concentré sur l’examen du taux d’invendus dans le secteur « Art et objets de collection ». Il a, par ailleurs, examiné le taux de concentration des montant ventes sur les lots à plus forte valeur.
Les résultats tirés de l’analyse des 670 ventes réalisées en France (hors ventes caritatives) par 12 OVV du top 20 du secteur « Art et objets de collection » pour l’année 2018 , soit un panel restreint d’OVV mais significatif puisqu’il représente 50 à 60 % du montant total de ce secteur pour plus 102000 lots vendus aux enchères (contre près de 104000 lots vendus en 2017, soit un nombre assez stable) montrent que :
- le taux moyen d’invendus, en nombre d’objets, est de 35,9 % (contre 33 % en 2017 et 34,6% en 2016). Ce taux recouvre de fortes disparités car il varie de 12,8 % à 49 % selon les maisons de vente ;
- globalement pour les 3 leaders (Christie’s, Sotheby’s, Artcurial), le taux d’invendu est inférieur à 27 %, donc sensiblement inférieur à celui du top 12. Ceci est le fruit d’une offre de lots sélective, davantage concentrée sur le « haut de gamme », qui est la plus recherchée par les collectionneurs. Ce taux a néanmoins progressé de près de 6 points pour Christie’s en 2018. On constate donc une disparité de taux d’invendus à la fois entre les différents OVV et entre catégories de ventes. Ainsi, à titre d’illustration, la spécialité des monnaies et médailles a un taux d’invendus inférieur à 10 %. Les principales causes du taux moyen d’invendus élevé sont :
- l’absence de rencontre de l’offre et de la demande. Cela peut résulter soit d’une mauvaise appréciation de l’état de la demande de la clientèle ou d’estimations des biens trop élevées, soit d’une stratégie délibérée : proposer à la vente tout au long de l’année un grand nombre de biens dans de nombreuses spécialités jouant ainsi sur la profondeur de l’offre, sachant toutefois que certains biens sont moins recherchés et généreront plus d’invendus. On notera, à l’inverse, que les deux leaders Christie’s et Sotheby’s qui proposent numériquement moins de lots et en outre des lots davantage « haut de gamme », ont un taux moyen d’invendus inférieur à 24 % ;
- des prix de réserve dissuasifs pour les acheteurs : le jeu des enchères ne parvenant pas à dépasser le prix de réserve confidentiel fixé par le vendeur, le bien ne peut être adjugé, ce qui conduit à augmenter le taux moyen d’invendus de la vente ;
- des frais d’adjudications élevés : l’acheteur intègre dans son comportement d’achat le montant des frais de vente qu’il devra supporter en sus du prix d’adjudication, ce qui le conduit à limiter le montant de ses enchères. Faute d’enchères suffisantes, les biens à prix de réserve élevés sont donc invendus. Le taux de concentration des ventes peut être apprécié en examinant la part, dans le montant des ventes, des lots adjugés plus de 25000 € hors frais.
L’indicateur du taux de concentration des ventes est utile pour contextualiser et relativiser celui du taux d’invendus en nombre de lots présentés. Pour les 12 OVV concernés, il ressort que ces lots - soit 4 % de leurs lots vendus (4050) – représentent 75 % du montant total de leurs ventes, soit un pourcentage similaire à celui de 2017. L’important est donc avant tout de vendre ces lots. Pour les trois leaders, la concentration des ventes est la suivante :
• Sotheby’s : 22 % des lots vendus font 88 % des ventes ;
• Christie’s : 25 % des lots vendus font 88 % des ventes ;
• Artcurial : 5 % des lots vendus font 71 % des ventes.
Entre ces trois maisons de vente, qui regroupaient ensemble 73 % des 4050 lots vendus plus de 25000 €, les écarts de performances se font donc sur ces quelques lots.